Selon le baromètre 2024 Ifop pour Talan « Les Français et les IA génératives », près des trois quarts de la population française (73%) estiment ne pas avoir les connaissances suffisantes pour utiliser les IA génératives.
Près d’un an et demi après le lancement sur le marché de ChatGPT en novembre 2022, ce chiffre traduit une relative méconnaissance des principes de fonctionnement et donc des applications opérationnelles des IA génératives. Dans ce contexte, nous projetons nos diverses attentes professionnelles dans ces outils qui seraient la nouvelle panacée. Bluffés par une simplicité d’utilisation déconcertante, nous sommes directement passés à l’action en nous engageant dans une course aux IA génératives. Autrement dit : nous nous sommes précipités sur le comment sans considérer suffisamment le pourquoi.
Que disent nos craintes et nos attentes vis-à-vis de l’IA sur nos irritants du quotidien de travail ? L’IA est-elle la réponse la plus adéquate à ces irritants ? Parfois oui, parfois non… et si nous nous posions (vraiment) cette question ?
L’attente : gagner du temps et de la productivité
44% des utilisteurs (et 61% des 25-34 ans) reprennent les résultats des IA génératives tels quels sans les modifier*. L’utilisation des IA nécessite de faire preuve de recul et d’esprit critique, ainsi que d’investir du temps pour retravailler les résultats proposés. Derrière l’aspiration à utiliser ChatGPT « pour gagner du temps » se développe parallèlement une utilisation de ChatGPT « par manque de temps », empêchant d’en tirer pleinement profit. Si l’utilisation de l’IA peut se révéler utile, il convient donc néanmoins de réinterroger certains modes de management, notamment en matière de gestion du temps et des priorités dans la planification des tâches de l’équipe.
La crainte : être remplacé.e par une machine
La population française estime à 75% que les IA génératives représentent une menace pour l’emploi. Pourtant, selon l’Organisation Internationale du Travail, l’IA « permettra d’accompagner plutôt que de remplacer certaines activités », seulement 5,5% de l’emploi total dans les pays à revenus élevés étant potentiellement exposé**. Ce résultat intéressant peut être mis en regard d’une étude réalisée par le cabinet McKinsey*** révélant un angle mort des organisations sur l’importance de la reconnaissance du travail par le management et l’entreprise. La peur du remplacement par la machine met en lumière un besoin de valorisation des individus au sein du collectif, ainsi que de renforcement du climat de confiance, c’est-à-dire de manière générale à soigner la place de l’humain dans la culture d’entreprise.
Alors : que faire ?
L’IA n’est pas un outil isolé des questions de management. Il convient de ne pas limiter l’IA à des problématiques techniques mais bien d’investir également dans l’humain pour accompagner des besoins culturels et managériaux naissants ou exacerbés. L’IA est… un changement comme un autre, qui bouscule des repères et des habitus. À l’instar du télétravail ou des nouvelles organisations du temps de travail, il nécessite une attention particulière de cadrage et d’accompagnement.