Fabrice Humbert, responsable mondial du groupe Business Continuity Plan (BCP) du Crédit Agricole CIB nous indique que le télétravail est l’une des solutions préconisées par son équipe en cas de pandémie, mais il précise néanmoins que le travail à distance « n’est pas la panacée, il s’agit plutôt d’un complément intéressant». Intéressant car il permet de réduire les coûts des locations de sites de secours, et de diversifier les options en cas de crise (si les sites de secours sont déjà utilisés par une autre entreprise, ou sont inaccessibles par exemple).
L’étude réalisée par l’équipe BCP du Crédit Agricole CIB consiste à identifier tâche par tâche les fonctions essentielles de la banque. Pour chacune d’entre elles, l’équipe BCP s’assure qu’elles sont exerçables à distance (notamment en termes d’accessibilité des logiciels) et qu’elles ne font pas l’objet de réserves d’ordre légal ou de la Direction de la Conformité empêchant leur réalisation à distance. Selon les estimations réalisées par CA-CIB, 30 à 40 % des fonctions essentielles de la banque seraient effectuables à distance.
L’équipe BCP classe ensuite les différentes fonctions en trois classes :
- celles qui sont autorisées dans tous les cas (accès à intranet, aux mails, à certaines applications) ;
- celles qui pourront être autorisées en cas d’urgence ;
- celles qui ne pourront jamais être autorisées (transactionnel en finance de marché en France par exemple).
Cette classification peut varier d’une entité à une autre en fonction des spécificités réglementaires des différents pays.
Les principales limites au déploiement du télétravail en cas de crise majeure sont les suivantes :
- réglementaires : impossibilité de réaliser certaines fonctions à distance du fait de règlements ;
- opérationnelles : certaines fonctions requièrent une présence physique ;
- informatiques : certaines applications ne sont pas accessibles à distance et il existe des inquiétudes concernant les capacités de réseau pour les accès distants en cas de crise. Cette question a été notamment soulevée dans le Position Paper du Haut Comité Français pour la Défense Civile sur le thème « La gestion de la crise de la pandémie grippale dans les entreprises et le rapport de ces dernières avec l’Etat » publié le 1er juin 2010.
Fabrice Humbert nous confie qu’une mise en place du télétravail généralisée au niveau du groupe permettrait de résoudre certaines de ces problèmes et rendrait ainsi l’usage du télétravail plus aisé et systématique en cas de crise puisque :
- les contraintes techniques seraient levées ;
- les problèmes de traçabilité des actions seraient résolus ;
- un parc de PC portables serait existant ;
- les salariés seraient déjà formés ;
- le centre d’assistance informatique serait déjà formé et prêt à interagir avec les utilisateurs à distance.
Ainsi, mis en œuvre de façon professionnelle et généralisée, le télétravail apparaît de plus en plus comme une solution incontournable aux problématiques de continuité d’activité, préoccupation majeure des entreprises aujourd’hui.