Casque anti-bruit, dissimulation derrière une muraille de dossiers, écouteurs d’iPhone vissés sur les oreilles, lutte d’influence pour obtenir la place au fond, près de la fenêtre : si ces stratégies vous rappellent quelque chose, peut-être travaillez-vous en open space. L’open space est en effet devenu l’ennemi n°1 des salariés : difficultés à se concentrer, manque d’intimité, inconfort. Mais qu’est-ce qui est réellement imputable à l’open space ? Voici une revue des principales idées reçues et ce qu’en dit la recherche.
Le bruit des autres impactent notre productivité. VRAI
Les plaintes concernant les nuisances sonores sont les plus nombreuses. En 2010, des chercheurs de l’université de Virginia ont reproduit les conditions de travail d’un open-space au sein d’un laboratoire en simulant deux situations, l’une bruyante et l’autre plus calme. Selon ces chercheurs, la situation bruyante impacte nettement les performances et accroit les sensations de surmenage. Il semble donc bien exister un lien inverse entre l’ambiance sonore et la quantité de concentration disponible.
La qualité de l’air et l’éclairage y sont médiocre. FAUX
Toujours en 2010, des chercheurs de l’université du Michigan ayant comparé les liens entre éclairage, qualité de l’air et niveau de performance de salariés travaillant soit en open-space soit en bureau individuel ont montré des résultats inattendus. Contrairement à la croyance populaire, aucune différence n’a été relevée entre open-space et bureau individuel sur la qualité de l’air ou l’éclairage quand les espaces sont bien aménagés. Par ailleurs, quel que soit le lieu de travail, un bon niveau d’éclairage est toujours corrélé avec une satisfaction plus importante et donc de meilleures performances.
Les interruptions s’y multiplient et tuent la performance. FAUX et VRAI
Gloria Mark, chercheur à l’université de Californie, rapporte qu’en moyenne les salariés en open-space passent d’une tâche à l’autre toutes les 11 minutes et sont interrompus dans presque 60% des cas ! Cela reste effectivement plus important que pour un salarié en bureau individuel. Elle note cependant que les salariés travaillant en open-space ont un avantage dans la gestion des interruptions :
« Les salariés en open-space peuvent plus facilement juger des meilleurs moments de transition entre plusieurs tâche afin d’interrompre les autres, comme attendre que son collègue ait terminé un appel téléphonique. A l’inverse, les salariés en bureau individuel n’ont plus accès à ce genre d’informations. »
Une réflexion entre bénéfices et coûts de l’open-space reste donc encore à trouver, prenant en compte des critères permettant d’améliorer la concentration en réduisant les nuisances. En 2007, une grande enquête de terrain menée auprès de 800 salariés américains et canadiens fait bien ressortir ces préoccupations pour le bruit et la qualité de vie, et montre surtout que des indices de satisfaction élevés sont toujours corrélés avec de bonnes performances au travail. Des pistes existent et sont actuellement en cours d’étude, comme proposer des zones différentes de travail avec des espaces calmes réservés aux tâches requérant le plus de concentration pour éviter les nuisances sonores.